(numéro 13, octobre 2001)

Dans quel monde, dans quelle France vivons-nous ?

Il y a trois semaines à New York c'était l'horreur. Quelle est la réaction de Georges Bush et de l'ensemble de la classe dirigeante américaine  ? Ils déclarent tout naturellement qu'ils vont répondre au massacre de milliers d'innocents en allant en massacrer beaucoup plus encore en Afghanistan, au nom de la "croisade du Bien contre le Mal". Les Afghans n'ont qu'un seul tort: subir le gouvernement des Talibans, qui leur ont été imposés par les USA et leurs alliés pakistanais. Cela suffit à justifier la fatwa de Bush contre eux aux yeux des Américains

Pas seulement des Américains: en France, encouragés par tous les grands media, Messieurs Chirac et Jospin rivalisent d'ardeur à affirmer que leur cause est juste et que la France les soutiendra bien sûr, quoi qu'ils fassent. Tous les candidats à la place de "troisième homme" emboîtent le pas, J-P Chevènement en tête, qu'on a connu meilleur pendant la Guerre du Golfe. Il n'est pas question d'informer et de consulter le peuple français: on ne songe qu'à l'étourdir en repassant sans cesse les mêmes images, horribles mais qui ne sauraient justifier une escalade dans l'horreur.

Il est vrai pour le gouvernement de "gauche" et le patronat, cette obsession guerrière a bien des avantages. Car, pendant ce temps, les mauvais coups continuent et on peut en parler le moins possible.

Le budget 2002 sera le dernier de la législature. On peut donc le dire cette fois-ci: les promesses faites par Jospin en 1997 n'auront pas été tenues. C'est encore et toujours l'austérité, un nombre insuffisant d'enseignants, de médecins, d'infirmières…, aucun moyen pour l'État d'intervenir dans l'économie, des cadeaux aux patrons. Pas moyen de faire autrement ? Pourtant, quand il s'agit de réduire les impôts des plus riches et de préparer la guerre, on trouve de l'argent. Pas pour maintenir le service public et protéger les travailleurs.

Les plans de licenciements continuent, et la loi de "modernisation sociale" ne peut rien contre eux. Quand l'explosion d'une usine ravage la ville de Toulouse, on fait courir des bruits sur la possibilité d'un attentat terroriste, mais on ne parle pas des responsabilités du propriétaire Total Fina (comme on se retrouve !)

Guerre ou pas, le passage à l'Euro est toujours programmé pour janvier-février. Ce sera un désastre pour les consommateurs, et le triomphe des marchés financiers et de ceux qui en tirent les ficelles, la fin de toute possibilité pour les citoyens de peser sur les choix monétaires.(qui déterminent largement tous les autres choix politiques). Mieux vaut donc pour le gouvernement ne pas en parler, sinon par des pubs stupides qui n'ont qu'un but: faire croire qu'on ne peut plus revenir en arrière, ce qui est faux.

Décidément, pour nos exploiteurs, la guerre est une bien belle invention. Pas seulement en France d'ailleurs: depuis le 11 septembre, l'armée israélienne multiplie les incursions meurtrières en territoire palestinien, sans que personne dans les media trouve le temps de s'en émouvoir, et Sharon martèle l'équation délirante Arafat égale Ben Laden.

Pour nous, l'existence d'un Parti Communiste en France ne peut avoir de sens que dans la lutte contre ce monstrueux désordre des choses. Aujourd'hui, nous appelons nos lecteurs à se mobiliser

– pour la paix, pour le retrait de la France de l'OTAN,

– pour le remplacement du budget 2002 par un vrai budget de gauche,

– pour l'arrêt du processus de passage à l'Euro et l'organisation d'un grand débat dans le pays sur la façon dont on a construit l'Europe sans les peuples.